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Notes from a Computer Engineer


Review Post Game : Trails in The Sky

Avez-vous 500 heures de libres devant vous ? Non ? C’est bien dommage. Mais vous devriez quand même faire un effort, histoire de réussir à caser un peu de Trails dans votre emploi du temps chargé.

C’est quoi, Trails ?

Trails, ou Kiseki en Japonais, est une série de JRPGs développés par Falcom (développeur notamment connu pour Ys), spin-off de la série The Legend of Heroes (elle même un spin-off de Dragon Slayer, toujours par Falcom).

Le nom Trails vient du premier jeu de la série, The Legend of Heroes: Trails in The Sky, tous les jeux suivants adoptant un nom similaire (Trails in The Sky: SC, Trails in The Sky the 3rd, Trails from Zero, Trails to Azure, Trails of Cold Steel I, II, III, IV). Contrairement à beaucoup de séries de RPG, qui partagent parfois rarement plus que leur nom et éventuellement système de jeu, tous les Trails se déroulent au même endroit (le continent de Zémuria) et à la même période (le premier jeu commence en l’an S.1202, et TOCS IV, dernier en date, se termine en S.1206).

La série est divisée en arcs narratifs, au sein desquels on suit les mêmes personnages dans des jeux qui se suivent directement. Par exemple, Trails in The Sky: SC (Second Chapter) est la suite directe de Trails in The Sky. Bien qu’il soit techniquement possible d’y jouer sans avoir joué au premier (ce sont bien deux jeux qui s’achètent en indépendance), cela n’est pas du tout recommandé, puisque le second opus reprend exactement là où le premier se termine, en en divulguant allègrement la fin. Chaque arc a des personnages principaux différents, mais beaucoup de personnages issus des autres arcs peuvent faire leur apparition, ainsi il est quand même recoommandé de jouer aux jeux dans l’ordre.

Chaque jeu de la série Trails nous place dans la peau d’habitants d’une des nations voisines du continent de Zemuria. Chaque arc se déroule dans une nation différente (on surnomme d’ailleurs souvent l’arc par le nom de l’état où il se trouve : dans l’ordre, l’arc Liberl, l’arc Crossbell et l’arc Erebonia). Les personnages jouables ou importants sont nombreux, bien écrits, et d’horizons très variés.

Arc Liberl: Trails in The Sky

Dans Trails in The Sky, on suit Estelle et Joshua, deux jeunes citoyens du royaume de Liberl tout juste nommés membres junior de la Guilde des Bracers, dans leur voyage initiatique au sein du royaume. Leur but est d’obtenir cinq lettres de recommendation, une par ville, pour pouvoir devenir pleinement membres de la Guilde. Durant ce voyage entièrement effectué à pied, ils devront résoudre les divers problèmes des habitants des villes traversées afin de prouver leurs capacités. Ces problèmes prendront pour le joueur la forme de quêtes, facultatives ou non, à la teneur variée : enquête pour retrouver un objet perdu ou identifier un voleur, chasse aux gros monstres, énigmes… Bien sûr, ce voyage initiatique ne sera en réalité pas de tout repos, puisque des événements significatifs viendront rythmer l’aventure.

Durant le premier opus de la série, on aura donc l’occasion de visiter chacune des cinq régions du jeu (toujours une par ville) dans un ordre imposé. En effet, Trails in The Sky est le genre de jeux linéaires à l’ancienne, où le scénario ne peut être pris que dans un seul sens, sans aucun embranchement narratif. Une fois la quête principale achevée dans une région, la majorité des quêtes secondaires seront perdues, et vous devrez avancer (à pied) jusqu’à la prochaine région. Une fois le poste frontière passé, il sera alors strictement impossible de revenir en arrière. À l’intérieur d’une région, cependant, les mouvements sont tout à fait libres, et il est possible de visiter les différentes parties de chaque région dans l’ordre que vous voulez (voire d’en négliger complètement certaines).

Bien que la possibilité de ne pas pouvoir revenir en arrière soit déroutante au premier abord, elle sert bien le scénario. En effet, en l’absence de justification scénaristique, il serait étrange que les personnages qui sont en train de régler des problèmes dans une ville décident de retourner à pied dans une autre ville visitée plus tôt dans le jeu. En outre, cette limitation est justifiée par le lore puisqu’un junior Bracer ne peut être rattaché que dans une seule ville à la fois, et ne peut être déplacé qu’une fois sa recommendation obtenue. D’un point de vue plus pragmatique, cela force le joueur à rester concentré sur la portion de l’histoire qu’il est en train de suivre, tout en forçant celui qui veut tout voir et tout faire à le faire au fur et à mesure, et non pas à la fin du jeu en retournant dans toutes les zones avec 25 niveaux de trop sans ressentir la moindre difficulté. Cela peut également être expliqué par le fait qu’il y a beaucoup de quêtes cachées dans le jeu, et qu’un joueur complétioniste doit donc parler chaque jour à la majorité des PNJ pour espérer toutes les trouver - s’il fallait pour cela parcourir l’intégralité de la carte, cela serait vite compliqué. Pour ma part, j’ai fait le jeu en suivant vaguement un guide en ligne, afin de ne pas manquer de quêtes secrètes trop importantes (certaines d’entre elles ont des dialogues très intéressants).

Puisque l’on parle de scénario, il est important de noter que c’est le principal point fort de la série. Il n’est sans doute pas diablement original, et il utilise bien sûr certaines tropes fréquentes dans les jeux du genre, mais il reste très prenant et touchant. Les jeux Trails sont en outre connus pour être très difficiles à localiser en raison de l’énorme quantité de textes qu’ils comportent. En effet, les dialogues sont écrits avec un grand soin du détail. Ils comportent notamment énormément de banalités et de plaisanteries qui, sans jamais faire directement avancer l’histoire, contribuent à rendre la galerie de personnages plus vivants et à montrer leur évolution - et ce sans même que le jeu ne soit doublé. Attention toutefois, car seule une localisation en anglais est disponible pour la majorité des jeux de la série. Une certaine aisance dans cette langue est donc nécessaire pour en profiter au maximum.

Au niveau du gameplay, Trails est un JRPG utilisant un système de combat en tour par tour, mais en bien fait. J’ai souvent abandonné des JRPG après 5-10h parce que le système de combat me rebutait. Tantôt trop complèxe, tantôt trop simple, tantôt trop difficile… Ici, rien de tout ça. Les personnages (4 au maximum) et ennemis sont disposés sur une grille et jouent les uns après les autres. Une frise chronologique à gauche de l’écran montre quels seront les prochains personnages à attaquer, et place parfois des bonus aléatoires sur certaines cases. Sachant que chaque action a un temps d’exécution différent, et que certaines permettent de délayer le tour de l’adversaire, on peut donc chercher à déplacer certains de ces bonus pour en bénéficier soi même. Au niveau des actions, justement, on peut bien sûr se déplacer sur la grille et attaquer avec notre arme principale. On dispose ensuite de deux types de sorts : les crafts, sortes d’attaques spéciales spécifiques à chaque personnage, consommant des CP qui se rechargent automatiquement durant le combat, et les arts, se rapprochant davantage d’un système de magie car il consomme des EP, équivalent de points de Mana, qui se rechargent en se reposant ou en utilisant des objets de soin. Les arts disponibles dépendant de gemmes équipées sur le personnage, sytème un peu complèxe à décrire mais pas tant à prendre en main, et très satisfaisant lorsqu’on parvient à les utiliser. On dispose bien sûr d’un équipement que l’on peut (et doit) mettre à niveau durant l’aventure, de gemmes, que l’on peut crafter à partir de sepith, looté par les ennemis, et de différentes statistiques qui influent la range de notre arme, la vitesse de nos attaques, la puissance des arts, … Le système de combat incorpore également des effets de statut : empoisonnement, pétrification, boost de stats… Mais il n’est pas beaucoup plus complèxe que cela, et est bien équilibré.

Enfin, pour ce qui est des graphismes, le jeu date des années 2000. Il s’agit donc d’un RPG en 2D avec des décors en 3D isométrique en vue de dessus assez classique. Ma précédente référence en la matière se trouvait être Pokémon (en l’occurrence Or/Heart-Gold), et du coup le style graphique est assez similaire - bien que les textures de Trails soient plus travaillées. En particulier, les sprites des personnages sont très expressives, en tout cas pour un jeu en 2D.

Une capture d’écran du jeu, Jill dit (en anglais) ‘Mettez fin aux discriminations sexuelles ! Soyez libres des rôles genrés !’ (ou quelque chose du genre, je ne suis pas traducteur)

Et c’est bien sûr sans parler des musiques, qui sont globalement très bonnes, quoiqu’un peu inégales. Ne nous y trompons pas, la bande son de ce jeu est très belle. Certains morceaux sont incroyablement touchants, que ça soit dans le premier ou le second jeu. Cependant, quelques musiques de zones peuvent se montrer assez répétitives, surtout en faisant des allers-retours entre des bâtiments (puisque la musique se relance depuis le début à chaque fois qu’on retourne dans la rue).

Suite de l’arc Liberl : Trails In The Sky SC et Trails In The Sky the 3rd

Si Trails in the Sky est une incroyable histoire à elle toute seule, elle se termine sur un incroyable cliffhanger qui donne immédiatement envie de lancer la suite. Aussi, si vous voyez que le premier jeu vous plait, installez la suite avant de le terminer (il faut environ 50 heures pour terminer le premier opus en prenant son temps).

Trails in the Sky SC, en plus d’être une magnifique suite puis conclusion à l’histoire amorcée par le premier jeu, jette également les bases du reste de la série. Bien que certains des personnages du premier jeu soient en visite depuis un autre pays, cela a assez peu d’importance pour l’histoire. Cela n’est par contre pas du tout vrai dans le second opus, qui introduit beaucoup de personnages qui seront importants dans les autres arcs, en plus de présenter le principal antagoniste du reste de la série, dont on devine qu’il sera en toile de fond de tous les événements des autres jeux.

Puisque SC est une suite directe du premier jeu, je ne vais évidement pas parler de son scénario. Sachez juste que c’est la suite, et que donc si le scénario du premier vous plait, le second est écrit de la même manière, relate des événements qui suivent immédiatement le premier jeu, et je n’ai de toute façon pas besoin de vous convaincre parce que si vous aimez le jeu vous allez vouloir immédiatement jouer à la suite. Pour le reste, le gameplay est très similaire, la bande son est largement partagée, de même que les textures, le bestiaire et les zones traversées. Il y a bien sûr de la nouveauté, mais l’intérêt principal du second jeu est de revisiter des endroits déjà vus mais avec des personnages qui ont bien grandi (mentalement) et dans un contexte autrement différent. Bref, je n’en dirai pas plus.

Trails in the Sky the 3rd change de personnages principaux et nous fait incarner des personnages déjà vus dans SC. Cela ne veut pas dire que les autres seront absents, bien sûr, et 3rd est très généreux là-dessus. Le gameplay est un peu différent - on traverse en particulier beaucoup moins de villes - mais l’histoire est très fournie et nous permet d’en apprendre énormément sur les backstories des personnages ainsi que sur le lore de la série. Une large partie de la bande sonore, des textures et des environnements sont repris des deux jeux précédents, mais encore une fois, il y a également du nouveau contenu et du contenu modifié. Bref, on est jamais tout à fait en terrain connu.

Les autres arcs

En septembre 2023, je suis parvenu jusqu’à Trails of Cold Steel IV, que je n’ai pas encore terminé. Les autres arcs valent tout autant le coup, et feront peut-être l’objet de billets séparés.

Est-ce-que ça vaut le coup ?

Oui. Définitivement.

Comment on y joue ?

Vu la profusion de jeux, cela peut être un peu difficile de s’y retrouver. Voici la liste des jeux par arc :

  • Arc Liberl
    • (Anglais) Trails in The Sky
    • (Anglais) Trails in The Sky SC
    • (Anglais) Trails in The Sky 3rd
  • Arc Crossbell
    • (Anglais) Trails from Zero
    • (Anglais) Trails to Azure
  • Arc Erebonia
    • (Anglais) Trails of Cold Steel I
    • (Anglais) Trails of Cold Steel II
    • (Anglais/Français) Trails of Cold Steel III
    • (Anglais) Trails of Cold Steel IV
  • Arc Crossbell/Erebonia
    • (Anglais) Trails into Reverie
  • Arc Calvard non localisé en occident

La meilleure manière de jouer aux jeux est bien sûr dans leur ordre de parution. L’Arc Erebonia a été pensé comme une porte d’entrée alternative pour les joueurs, et c’est le premier jeu en 3D intégrale. Ayant terminé TOCS III, je peux confirmer que des personnages de Liberl ET de Crossbell font leur apparition dans celui ci (ainsi que dans le IV), mais ils ne sont pas présents dans les deux premiers (TOCS I et TOCS II) qui sont faisables sans avoir joué à l’arc Crossbell (en réalité, l’arc Crossbell se déroule en même temps que TOCS I et TOCS II dans la timeline de l’univers, et certains joueurs s’amusent donc à les faire en même temps).

En conclusion ?

Jouez à Trails. Trails est un incroyable JRPG, qui m’a occupé tout mon été, et qui, si tout va bien, devrait continuer à occuper une part non négligeable de mes weekends une fois ma rentrée passée. N’hésitez pas ensuite à me faire vos retours et à me dire ce que vous avez pensé des jeux ! Je serais ravi d’en parler avec vous (je ne connais personne qui y ait joué, malheureusement).